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Italie

Paul Carl Leygebe (1664-1756), “Club del Tabacco di Federico I”

La culture du tabac s‘est développée en Italie au cours de la deuxième moitié du 16ème siècle, grâce à l’action de deux hommes d’église: le Cardinal Prospero Pubblicola di Santa Croce, délégué apostolique du Portugal, qui a apporté des graines au pape Pie IV et demandé qu’elles soient cultivées par des moines Cisterciens près de Rome. L’évêque Nicolò Tornabuoni, délégué du pape Gregory XIII et ambassadeur de Toscane à la cour de France, a apporté les graines à son oncle, l’évêque de Sansepolcro.  Là, la plante a trouvé sa place dans les Marches suivant les moines de l’abbaye cistercienne de Chiaravalle, et dans la vallée du Brenta avec les moines bénédictins. En même temps la culture s’est développée dans la République de Cospaia, un petit état d’à peine plus de 300 hectares dans le village actuel de San Giustino.  La république a été maintenue en raison d’une erreur topographique faite par les cartographes du pape Eugene IV qui en 1440 avait donné la terre de Sansepolcro comme gage au grand- duché de Toscane. Les habitants de ce petit état ont commencé à vendre le tabac aux états voisins et le tabac est ainsi devenu la plus importante source de revenu de la république. L’augmentation de la récolte et de son utilisation a poussé les divers pays à exploiter le tabac du point de vue fiscal et couvrir les frais de son traitement.  C’est seulement au 18ème siècle que presque tous les différents systèmes fiscaux ont été transformés en monopoles, qui ont défini des zones pour la culture, les variétés à cultiver, les prix des produits et qui obligeaient les fermiers à vendre les feuilles aux officiers gouvernementaux autorisés.

En Italie méridionale le tabac ne s’est développé qu’au 18ème siècle dans la province de Bénévento, toujours grâce à l’activité des ordres religieux locaux, et plus au Sud vers les Pouilles suite à la construction d’une manufacture de tabac à priser de luxe à Lecce.

Au 19ème siècle le tabac s’est étendu à plusieurs autres régions.  En 1826, la République de Cospaia a été abolie et annexée à l’état Pontifical selon un accord entre le pape et le Grand-Duché de  Toscane, mais le privilège de cultiver le tabac a été maintenu.  De cette façon la production s’est développée vers la haute vallée du Tibre.

frate che fuma

Wilhelm Hasselbach (1846-1919), “Padre con il libro, vasetto di tabacco da fiuto e un bicchiere di vino”

Quand l’Italie fut unifiée en 1861, les revenus du tabac étaient si importants que le nouveau gouvernement a créé le Monopole du tabac qui contrôlait la culture, la fabrication et la vente du tabac afin d’assurer des revenus à l’état.  C’est aussi à cette époque, que le monopole, en plus des produits à fumer et à priser, a commencé à produire des produits à base de nicotine pour la protection des cultures et lutte contre les insectes et un savon contenant de la nicotine.

Au début du 20ème siècle un grand nombre de coopératives et d’entreprises privées qui assuraient la première transformation du tabac étaient en activité dans tout le pays et le Monopole avait 17  usines pour des produits finis.

Au cours des siècles, la plante a fait l’objet d’innombrables lois liées à l’exploitation commerciale et des litiges liés à l’utilisation, au point que les papes Urban VIII et Innocent X décidèrent d’excommunier ceux qui consommaient du tabac dans l’église. Les nombreuses interdictions par les différents États de la péninsule italienne n’ont jamais réussi à faire cesser l’utilisation et de sa culture a été presque toujours sous réserve des dispositions particulières de la part des gouvernements et du monopole.

Dans le monde

XVIII sec. – Volantino pubblicitario per il tabacco della Virginia

Le tabac était fort connu dans les Amériques bien avant l’arrivée des explorateurs européens. Plusieurs pipes ont été trouvées dans des sites archéologiques en Amérique du Sud et aux Etats-Unis (Ohio-Hopewell). Les indigènes des Amériques ne consommaient pas toujours le tabac pour le plaisir, mais aussi pour des fins médicinales. Les tribus d’Amérique du Nord généralement portaient des sacs contenant des quantités importantes de tabac comme une monnaie d’échange, ou utilisaient la pipe pour fumer dans des cérémonies sacrées ou pour sceller des pactes et pour marquer des occasions spéciales.

Les premiers européens qui virent du tabac étaient deux membres de la première expédition de Christophe Colomb dans le nouveau monde. Le 28 octobre 1492 Christophe Colomb atteint Cuba et, croyant qu’il était arrivé en Chine, il envoya Luis de Torres et Rodrigo de Xerez chercher le grand Khan. Évidemment, ils retournèrent sans avoir trouvé le souverain, mais en racontant d’avoir vu des hommes fumer de feuilles de tabac séché dans les outils qui furent définis pipes.

Les espagnols introduisirent le tabac en Europe en 1518, mais c’est grâce à Gonzalo Hernandez de Ovieto y Waldo, gouverneur de Saint-Domingue, en 1559, que les premières graines de la plante furent introduites en Europe. En 1560 Jean Nicot de Villemain, Ambassadeur de France au Portugal, porta à la Cour de France des graines de tabac et  décrit la plante comme un « médicament miracle ». Le nom de l’ambassadeur est immortalisé dans l’ingrédient actif du tabac, la nicotine.

A’ partir des cours le tabac se propagea rapidement à travers le continent. Les premiers traités sur le tabac sont apparus au XVIe siècle et ils décrivaient surtout ses propriétés médicinales: Jean Nicot envoya les graines de tabac à la reine de France Catherine de Médicis pour traiter ses migraines
Bien que le tabac avait de nombreux partisans en Europe, il y avait des détracteurs. En 1604, le roi d’Angleterre Jacques Ier Stuart le décrit comme une habitude dégoûtante et nuisible, et la même année la Grande-Bretagne imposa une forte taxe de protection sur chaque livre de tabac importé.

nobili a tavola

Georg Lisiewski (1674-1750), “Il Club del Tabacco”

Le tabac trouva la route pour l’Empire Ottoman à la fin du XVIe siècle où il fut initialement utilisé surtout comme médicament, mais ensuite son utilisation devint très répandue pour le plaisir qu’elle donnait.

A’ partir de l’Europe le tabac revint sur le continent américain avec les premiers colons qui, au début du XVIIe siècle commencèrent à le cultiver dans l’actuelle Virginie: les types de tabac sélectionnés à l’époque sont consommés jusqu’à présent. Le tabac devint si populaire qu’il fut utilisé pendant des siècles comme monnaie. La demande croissante de tabac en Europe contribua beaucoup à l’augmentation du transport maritime entre les deux continents. Les taxes sur le tabac imposées sur le continent américain fur également le moyen pour soutenir le développement de la prospérité. Les droits d’accise furent bien au-delà de la fin de la guerre civile  au moins un tiers des revenus du gouvernement des États-Unis.

En Extrême-Orient, la première diffusion du tabac eut lieu comme un cadeau que les marchands et les ambassadeurs portaient dans les cours : il devint extrêmement populaire comme un plaisir raffiné comme tabac à priser.

tabacco in oriente

Raphael von Ambros (1855-1895), “Il Mercante di Tabacco, Cairo”

Le tabac fut tout d’abord consommé avec la pipe ou en poudre fine comme tabac à priser. À la fin du XVIIIe siècle les premiers cigares firent leurs apparitions sur le marché et seulement à la moitié du XIXe siècle ils furent suivis par les premières cigarettes. Dans le monde anglophone, l’emploi des cigarettes augmenta surtout après la guerre de Crimée, lorsque les soldats se servirent des bouts de papier pour envelopper le tabac et le fumer ainsi. La cigarette devint très populaire lorsqu’en 1881 la première machine pour la production industrielle fut construite aux États-Unis, ce qui  permit de produire treize fois plus vite que la production manuelle.



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